Chroniques du fond de l’air

Avant propos

Le nom de ces chroniques vient à coup sûr de la si belle expression  « Le fond de l’air est frais ». Association sans doute avec la délicatesse de ces jours de printemps souvent, d’automne parfois, où justement le fond de l’air est un peu frais. Frais pas froid, mais pas chaud non plus. Tempéré, comme la musique de Bach et la lumuère de Vermeer.

Ces chroniques ont été écrites chaque mois pendaut trois années de suite sur mon site (lila-presence-nondualite.fr). D’abord  courts textes, elles ont progessivement évolué vers une forme plus poétique. Le dernier tiers a été quasi  exclusivement écrit sous la forme de six fois quatre courts vers. Cette forme n’a pas été réfléchie, elle s’est installée d’elle-même.

Chaque année a constitué une série particulière. La première « Fêtes et saisons » suit le calendrier des saisons et des fêtes chrétiennes. D’une certaine façon, elle pose  le cadre spatial et temporel de mon quotidien d’occidental. C’est là que j’enfonce mes racines, et étend mes branches dans le ciel. J’en prend forcément et la sève et une coloration.

La deuxième année « Bruissements du monde » est une écoute de ce qui entoure, comme une peau d’êtres, de choses et d’activités. La musique, le jardin, la nature,  la lumuère, les sages… Elle est encore un peu guidée par le moment de son écriture. La dernière chronique est la première forme en 6 fois 4. Elle parle du silence, et ouvre vers plus d’intériorité.

La troisième année « Cueillir l’instant » est la plus intime et sans doute la plus légère. Elle s’inspire des fleurs et des papillons. Elle tient de l’instant, de la danse et du chant éphémère qui jaillissent, font un petit tour et puis s’en vont. Pourtant, derrièe la poussière du temps s’esquisse à demi mot les abysses du vivant. Sans doute pour cela qu’elle emprunte à la poésie.

Ces chroniques ont laissé place sur le site à des « Clins d’œil » qui sont effacés chaque mois et non conservés. A de rares exceptions poétiques. Ainsi le quotidien, où dansent des pétales d’instant dans la brise ou la tempête des jours. Regardez les s’envoler, on dirait des songes qui virevoltent dans la lumière, tout surpris d’être là.

Fêtes et saisons

« Au milieu de l’hiver, j’ai découvert un invincible été. »
(Camus)

Chronique du fond de l’air 1

Sous nos latitudes, avec quatre saisons, l’hiver, la nature semble mourir et renaitre au printemps. Après la grisaille et le marron triste, soudain tout verdit et se pique de couleurs.

Verts innocents
sourires en pétales
douce brise
coeur léger
danser

Osiris démembré par Seth, et remembrer par sa femme Isis va renaître et amener aux Egyptiens les cultures vivrières et la civilité.

Dans les mystères d’Eleusis qui sont des rituels liés à la nature et à sa prodigalité, Perséphone passe six mois sous terre chez Hadès et six mois sur terre avec sa mère Déméter, déesse de l’agriculture et des moissons.

Allégorie de mourir et renaître. Le Christ, la lumière, la vie, descend trois jours au tombeau puis renait d’entre les morts, avant de rejoindre le ciel à la droite son Père.

Celui qui a voyagé sur le chemin de lui-même connait ces morts et renaissances. On ne peut se dévêtir de l’ignorance que par ces passages où l’on quitte une peau, pour en prendre une autre. Entre les deux, nudité, vulnérabilité, mais aussi créativité, nouveauté…

Tout un chacun meurt et renaît sans cesse. Quitter quelque chose ou quelqu’un c’est toujours un peu mourir, pour renaitre ailleurs, autrement.

Le philosophe Héraclite disait qu’on ne plonge jamais deux fois dans le même fleuve. Ce monde si solide en apparence se meut sans cesse. C’est un monde flottant en perpétuelle transformation. Et nous-mêmes de simples passants.

Passagers de l’ombre
et de la lumière
mendiants aveugles
éblouis
danseurs ivres
du mystère

Tenir dans ma main l’éphémère printemps, et chanter à tue-tête avec les oiseaux, l’éternelle mort et renaissance.

Chronique du fond de l’air 2

La fleur de coquelicot, dans son humilité, grandit la tête baissée.
Quand elle la redresse, le lendemain elle s’épanouit.
 Sa fragile corole résistera au vent, à la pluie, au soleil…  un jour à peine.
Pourtant, sans retenue, elle offre son frêle coeur aux turpitudes du temps.
Fleur de coquelicot, ma soeur végétale.
Quel plaisir chaque matin de mai, de te saluer nouvelle !

Quarante jours après être mort et ressuscité, le Christ va, dans sa gloire, rejoindre son Père. Mais avant de quitter notre jolie planète bleue, il a promis à ses apôtres de leur envoyer la force de l’Esprit-Saint. Ainsi, pour Pentecôte, avec ses ailes célestes, celui-ci les touchera de sa grâce.

L’Esprit-Saint n’est pas réservé aux seuls apôtres. Le Père n’est pas dans un ailleurs céleste, mais au coeur du coeur de chacun. Avec Saint Augustin, ne le cherchons pas hors de nous, mais en nous. Ne le cherchons pas demain, mais là, au coeur vif du présent. Ne le cherchons pas comme un Autre, mais comme Nous-même au plus profond, au plus intime de notre être.

C’est tous les jours Pentecôte pour qui s’oublie lui-même, et ouvre son coeur sans crainte aux vents, aux pluies et au soleil d’une existence humaine.

S’éveiller à la jeune lumière de l’aube
Danser au soleil de midi
Chanter à la clarté du couchant
Prier dans la nuit
Chut

Chronique du fond de l’air 3

Dans de nombreuses civilisations le soleil a été divinisé.
Ra l’égyptien, huitzilopochtli l’aztèque, Tama-nui-ta-ra le maori,
Hélios le grec, Belenos le gaulois.
Dieux du feu, de la puissance, de la conscience.
Le soleil est tout à la fois Dieu de création et de destruction.
C’est pourquoi il est souvent accompagné
d’une Déesse de la pluie qui apaise son feu.
Mais elle aussi a ses colères et excès,
où elle noie tout dans ses débordements.

Dans les pays d’Europe de l’ouest, un de ces cultes solaires
 a survécu, ce sont les feux de la Saint Jean.Moments de liesse populaire, le soir du solstice d’été.
Danses, chants autour d’un feu de joie.


On ne chasse pas les anciens cultes si facilement !

Hasard ou conscience subtile, en récupérant ce culte solaire,
le christianisme l’a associé à Saint Jean.
Jean le baptiste qui baptise par l’eau.
On retrouve l’association : eau et feu.
Feu de la conscience, de la connaissance, de la discrimination.
Eau du coeur, de l’amour, de la compassion, de la douceur.

Oh un soir d’été
Arroser son jardin
 et devenir l’eau
Qui s’écoule de l’arrosoir


Chronique du fond de l’air 4

Oh, nuit d’été, qui pourra te dire ?

Ton silence bruissant de grillons, de grenouilles, de crapauds et de lucanes.

Ton obscure profondeur où l’âme te contemplant s’abime en sa propre nuit.

La neige de tes étoiles, légère et folâtre qui poudroie le coeur silencieux.

Chantant avec Saint Jean De La Croix

« Sans appui et avec appui,
Sans lumière en l’obscur vivant,
Tout entier me vais me consumant »

Tout entier me vais dansant immobile, la nuit des sens et de l’Esprit

Me vais mourant à moi-même, nuit égale à la nuit

Me vais ressuscitant blanc comme neige

Me vais ceci et cela, et pas ceci pas cela

Me vais enfant farceur riant avec les étoiles

Tout entier me vais avec pour seul viatique, ces mots de Victor Hugo :

« Chaque homme dans sa nuit, s’en va vers sa lumière »

J’écris.  Dehors stridulent les cigales.

Plus de temps

Chronique du fond de l’air 5

Dans l’occident catholique, le mois d’août, c’est le mois de Marie.
 Sainte Vierge. Notre Dame. Mère de Dieu.
On fête son assomption, sa montée corps et esprit vers Dieu, le 15 août.


Mais à travers elle, ne fête-t-on pas aussi la Déesse mère.
La mère cosmique qui enfante et dorlote son enfant, le monde.
Elle se nomme, Isis, Cybèle, Artémis, Belisama, Vierge noire.
Déesse de la fertilité, de l’enfantement, de l’abondance.


Veut-on chasser son culte, qu’il ressurgit toujours.
Culte de la mère nature, des souffles vivants, de la douceur maternelle.


Déesse consolatrice, prends-nous dans tes bras.
Apre et cruelle est la vie ici-bas.
Mais ne nous endort pas.
Nous devons nous conquérir et nous transcender pas à pas !

Dans l’histoire chrétienne, il est une autre Marie.
Marie Magdeleine. Prostituée. Proche de Jésus.
Le pendant de Marie ?
La femme n’est pas que mère.
Elle est aussi amante, amie, compagne de vie.
Libre d’oindre de parfum le Christ.
Libre d’elle même !

Dans le dernier logion de l’Evangile selon Saint Thomas,
Jésus prends la défense de Marie Magdeleine.


« Simon Pierre leur dit :
« Que Mariam sorte de parmi nous.
Parce que les femmes ne sont pas dignes de la Vie. »


Jésus dit :
« Voici que je l’attirerai afin de la faire mâle,
pour qu’elle soit elle aussi un Esprit vivant.
Semblable à vous les mâles.
Car toute femme qui se fera mâle
entrera dans le royaume des cieux. »


Il aurait pu rajouter :
« Ainsi que vous les mâles vous devrez vous faire femme
car tout homme qui se fera femme,
entrera au royaume des cieux !

Le mystique le sait, qui se fait amante de son Dieu,
l’Epoux au royaume des cieux,
en quête d’union toujours plus totale.


Et, dans l’embras(s)ement ultime, selon Maître Eckart
« Et l’homme et Dieu disparaissent. »


Pour lors, Cela peut se vivre, mais non se dire.

Chronique du fond de l’air 6

J’habite un pays de vignes. Bientôt les vendanges.
Les baies violettes promettent de futures ivresses.
Pourtant, d’un tout autre élixir le mystique s’enivre

« Nous avons bu à la mémoire du Bien-Aimé,
un vin dont nous nous sommes enivrés avant la création de la vigne.
La pleine lune est son verre, et lui est un soleil que fait circuler un croissant.
Que d’étoiles resplendissantes quand il est mélangé !
Sans son parfum, je n’aurai pas trouvé le chemin de la taverne (le coeur).
Sans son éclat, l’imagination ne pourrait le concevoir.
Le temps en a si peu conservé qu’il est comme un secret,
caché au fond des poitrines.
 »

(Eloge du vin : Ibn Al-Faridh)

« Sois enivré d’amour, car l’amour est tout ce qui existe. »

« Moi aussi, j’étais sage et dégrisé comme toi, je reniais tous les amoureux.
Me voici devenir fou, ivre et libertin. »

« Notre ivresse ne provient pas du vin vermeil.
Et ce vin n’existe que dans la coupe de notre imagination.
Tu es venu pour répandre mon vin ?
Mais le vin dont je m’enivre est invisible. »

« Nous avons appris à l’Aimée à boire le vin.
Nous possédons le feu de l’amour qui brûle l’amour même. »

(Rubâi’yât Roumi)

« Mangez, ceci est mon corps.
Buvez ceci est mon sang. »

Jésus de Nazareth)

« Il est l’heure de s’enivrer !
du vin, de poésie ou de vertu,
à votre guise.

(Baudelaire)

Chronique du fond de l’air 7

Comme chacun sait, à l’automne, les feuilles des arbres changent de couleur, et illuminent d’or la lente descente vers les frimas de l’hiver. On pourrait penser que la couleur des feuilles se transforme. Ce n’est pas le cas. A cause de la descente de la sève, et de l’arrêt de la fonction chlorophyllienne, les couleurs superficielles s’estompent et des couleurs déjà présentes apparaissent. Nous n’assistons donc pas à une transformation, mais à un dévoilement, une révélation de ce qui est caché.

Il en est de même sur le chemin de la connaissance de soi. Ici aussi, on ne se transforme pas. On enlève des couches d’ignorance, les unes après les autres. Je ne suis pas le corps. Je ne suis pas le mental. Je ne suis pas le coeur. Je ne suis pas la conscience. Je ne suis pas le vide… Ici aussi, un être/conscience de plus en plus lumineux se révèle. Le coeur de toutes choses est lumière. Et la mort des feuilles, comme celles des humains, est dévoilement de la lumière vivante qui nous constitue et anime.

En Inde, dans l’Advaita vedanta, on donne l’exemple de l’oignon. En effet, on peut ôter ses couches les unes après les autres, et à la fin il ne reste rien. Mais ce rien, pour ce qui est de la connaissance de soi, n’est pas un néant. C’est le point zéro, la source de toutes choses. Et pour les plus assoiffés, les plus audacieux, le voyage n’est pas fini. Arrivé à ce point, il faut faire un pas de plus, vers l’inconnaissable et indicible coeur de la lumière.

Danse infinie des saisons
parures diaprées de l’Esprit vivant
J’habite un pays sans saison
où toute danse est immobile
et tout chant silencieux

Chronique du fond de l’air 8

Le premier novembre, c’est la fête de tous les Saint(e)s, mais aujourd’hui les Saint(e)s n’ont plus la cote. A la Toussaint, on fête donc les morts, fête qui en réalité est le 2 novembre. La mort, voilà la belle affaire de la vie. Disons plutôt, l’anéantissante peur de la mort.

En bon disciple des philosophes grecs de l’antiquité, Montaigne nous rappelle que « Philosopher c’est apprendre à mourir ».
C’est apprendre à ne pas se laisser vaincre et dominer par la terreur qu’inspire la mort. En effet, qui peut supporter sereinement l’idée de n’être plus ?

 De perdre la conscience de soi ?

Et pourtant, la mort n’est qu’une imagination, au sens où le philosophe Pascal en parle dans ses « Pensées ». Selon le grec Epicure, si l’âme est éternelle pas de soucis. Si elle ne l’est pas, pas de soucis non-plus, car nous ne rencontrons jamais la mort. Quand nous sommes, elle n’est pas. Quand elle est, nous ne sommes plus.

La mort n’existe pas pour le tout. Seuls existent le mouvement, et les transformations infinies du même. La mort en général n’existe pas, elle n’existe que pour une forme particulière et éphémère. La vague craint la mort, pas l’océan.  De ce fait, la mort ne nous taraude qu’en tant que nous nous identifions à notre corps/esprit et notre conscience individuelle.

Le réveillé a lâché ces identifications.
Il vit chaque jour comme si c’était le dernier.
Et son cœur, psalmodie en silence
l’insondable musique vivante.

« Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha »*

( Bouddha : Sutra du coeur)

*Aller, aller, aller au-delà, aller au-delà du par-delà, et s’éveiller. »

Chronique du fond de l’air 9

Les régions tempérées connaissent une saison
où la nature se met en sommeil,
redouté hiver, désert de frimas et de grisailles,
océan d’épreuves aussi pour les bêtes.

Pourtant, à partir du solstice d’hiver,
déjà sous terre se prépare le printemps,
déjà la germination est en route
et l’énergie vitale trésaille.

C’est à ce point de bascule que le christianisme a choisi
de faire naître le Christ
la porte, la vie, la lumière en la nuit des coeurs,
la bonne nouvelle d’un printemps spirituel.

Le voyageur de lui-même traverse les saisons du monde,
mais aussi celles de l’esprit et du cœur.
Il connait en lui des automnes et des étés,
des printemps, des hivers.

Hiver, désert de l’âme, vide nécessaire
pour que s’ouvre l’espace intérieur.
Vacuité lumineuse et féconde.

Mais le désert aussi n’est qu’une étape
sur l’âpre route vers soi.


Cheminer toujours et encore.

Il n’est point de repos pour l’homme,
et point d’attache en ce monde.


Pas plus de plein que de vide.

Chronique du fond de l’air 10

A un certain degré de complexité les sociétés humaines inventent un calendrier commun qui facilite la vie sociale.
Il est en général calqué sur des cycles cosmiques.
Tour de la terre sur elle-même, lunaisons, tour de la terre autour du soleil.
Ainsi, les danses de la terre et de son satellite se conjuguent avec nos trains train quotidiens.

Qui dit calendriers et cycles, dit début, fin et répétition.
Et comme les humains aiment les rituels, le nouvel an est fêté.
Fête laïque de la sociabilité et du renouveau escompté,
renouveau du coeur et de l’âme, renouveau dans sa vie,
renouveau souhaité à tous.


Mais le quotidien reprend vite son cours routinier,
et le renouveau espéré n’est qu’espoirs déçus.

Toutes attentes et espérances finissent souvent dans l’amertume.
Elles ne sont que du passé qui se projette vers un mieux supposé.


Krishnamurti nous a appris que toute pensée c’est du passé,
du déjà mort qui cherche à se survivre, et à se dessiner un futur.


Seule la conscience, cette présence à soi et aux autres,
est toujours neuve, et dans l’étonnement de toutes choses.

Clic clic clic du clavier
Danse des lettres noires sur le blanc
Infinie présence
Lumière vivante
Offrande

Chronique du fond de l’air 11

 En hiver, de l’épiphanie au Mardi gras s’étend la période de carnaval. Elle se termine par la semaine des sept jours gras, également appelés « les jours charnels ».

Pour Mircéa Eliade c’était une période de régression dans le chaos avec « confusion sociale, licence érotique, orgie, beuverie, mangeaille ». Elle permettait de refonder la cosmogonie qui est ordre. C’était aussi un moment de travestissement, devenir autre un temps, pour mieux supporter de rester  même.

   Ce carnaval dont perdure des survivances très édulcorées, vient à n’en pas douter de fêtes antiques, les hypercales et dionysiaques grecs, et les bacchanales romaines.

Dans l’occident chrétien, ces jours de gras et folles libertés étaient suivis par son contraire. Le jour du mardi gras on brûle Monsieur carnaval pour peut-être effacer tous les excès, en tout cas pour marquer la fin et tourner la page. En effet, dès le lendemain, c’est le « Mercredi des cendres », jour de quasi jeûne qui va être suivi des quarante jours du carême (jeûnes, prières et aumônes). Ils fêtent les quarante jours de jeûne du Christ dans le désert et prépare Pâques.

   Belle intelligence sociale des sociétés antiques puis chrétiennes, qui respectent pour les humains le besoin d’échapper cycliquement, dans un cadre festif et symbolique, aux contraintes sociales qui sont une forme de violence. Mais aussi, moments collectifs de retour à soi, d’humilité, de sens du mystère et du partage avec les plus fragiles d’entre nous. Toutes choses bien utiles à la vie des hommes.

   Le sage n’échappe pas à cette règle. Le Bouddha disait fort justement « J’appelle sage, le conducteur qui peut emballer l’attelage, et qui sait le récupérer ».

Folle sagesse
Sage fou
voltige avec les atomes
Hors toute existence
et non existence

Chronique du fond de l’air 12

Frêles fleurs qui
dansez dans la brise printanière et
Grelottez aux nuits encore fraiches
Profitez de vos jours
Le temps vous est compté

Ainsi les pétales de cerisiers
 envolés aux petits matins
Ainsi les nuits cristallines les mois les saisons
les ans qui voltigent
sur notre bleue planète

Eternels retours
Spirales diaprées des galaxies
Rêves de constellations

Aujourd’hui
 tous corps tous mondes
me sont vêtements de fête et de deuil

Une unique éblouissante lumière
illumine la valse des papillons
et des comètes laineuses
Rythme les battements fragiles
de mon cœur

Vagabond céleste
idiot savant
A ma fenêtre méditant

« Qu’est-ce que c’est ?

 Qu’est-ce que c’est ?
Le reflet de la lune
 dans ma soupe… »

(Kenneth White)

Bruissements du monde

« L’oreille est le chemin du coeur. »  (Voltaire)

Chronique du fond de l’air 13

Mozart nous apprend que « La musique est le langage des émotions. » Langage universel car de sons, de rythmes et de mélodies.  Langage des oiseaux.

L’oreille entend, mais c’est tout le corps et le coeur qui écoutent, vibrent, dansent.

     La musique peut aussi venir de la nature. Oh ! le bruissement du vent dans un pin parasol… la douce mélodie du sac et du ressac… la symphonie des crapauds et grenouilles au printemps dans le marais.

    Ecouter de la musique en méditant, quand toute idée et expérience d’un moi personnel a disparu, est toujours un indicible voyage. Devenir la musique que l’on écoute. Avoir désormais, dans le silence des mots, un corps de rythmes et de mélodies. Virevolter dans les sphères célestes avec Bach, s’écouler en fleuves profonds avec Schubert, miroiter en milles reflets avec Debussy.

     Mais aussi, dans une sorte de satori musical, un bruit du quotidien peut soudain nous happer et nous emmener hors de soi dans son rythme. Ainsi, Roumi qui un jour dansa dans le souk des orfèvres au son des martellements sur l’or. Le Maître artisan avisé demanda à ses ouvriers de continuer à frapper tant que Roumi danserait. La danse des derviches tourneurs serait née ce jour-là.

 Danse humaine et danse cosmique.

D’un son primordial naquit le monde
et puis tout se mit à vibrer
à chanter à danser

Voltigez atomes astres galaxies
notes sur les partitions
sons sur les instruments

Chronique du fond de l’air 14

Son espace vital s’étant considérablement réduit,
le panda de Chine, ce mangeur de pousses de bambou, est menacé de disparition.
Le gouvernement chinois réagit en protégeant des espaces sauvages
et en élevant des pandas qu’il relâche en milieu naturel dès que possible.

Louables actions de sauvegarde.
Ainsi, les hommes tentent-ils de réparer ce qu’ils ont eux-mêmes détruit.
De réparer un tant soit peu notre folie de se séparer de notre mère nature,
et de traiter nos soeurs et frères animaux comme des objets à notre disposition.

Folie pour l’homme de se croire maître de la nature et des animaux,
alors qu’il n’est pas maître de lui-même,
que l’orgueil et le désir de possession sont souvent ses seuls viatiques,
qu’une avidité aveugle le mène à sa guise !

Alors que la survie des hommes sur cette si jolie planète bleue est en jeu,
l’homme ne doit-il pas de nouveau faire alliance avec la nature
et ses soeurs et frères animaux ?
Lui-même animal doué de raison, et de tant de déraison !

Ainsi, pour sa propre survie, l’espèce humaine est condamnée à la sagesse.
Condamnée à reconnaître et juguler son avidité.
A reconnaître la folie de ses ignorances et illusions de puissance.
Condamnée à reprendre sa juste place.

Pour l’homme accompli qui s’est transcendé lui-même, tout est Un.
Un même souffle anime toutes choses.
Une même lumière nourrit tous les êtres.
Il est tout ce qui existe, la source, et l’au-delà de Tout.

Oh laisser sa nature profonde s’exprimer
Laisser la nature du monde suivre son cours
et vacant joyeux chanter danser
l’indicible brise des instants

Chronique du fond de l’air 15

Jours de dévotion à Rangit Maharaj et sa lignée en Bretagne
Mais je lui laisse la parole :

« Quand un être réalisé parle, ses paroles viennent
d’au-delà l’espace, d’au-delà du zéro. »

« Une fois que vous avez compris la Réalité,
que vous reste-t-il à faire ? Il n’y a rien à faire.
Seulement rendre grâce à
Celui qui vous a enseigné ces choses,
vous et Lui êtes Un. »

« Pourquoi allez-vous prier au temple ?
Vous y allez pour voir une idole. Soyez vous-même l’idole.
Voyez tout et dites que rien n’est vrai.
Ayez un tel courage ! »

« Dans la Réalité finale, il n’y a ni vous, ni je,
ni mental, ni pensée. Ceci est votre état.
Vous êtes Lui, alors qui aimer et 
qui ne pas aimer ?
L’amour n’est que dualité. »

« C’est au prix de vous-même que vous devez accomplir
ce qu’est votre Soi,
c’est ce qu’apprécie véritablement
le Maître »

Chronique du fond de l’air 16

Sous nos latitudes, juillet et août sont les principaux mois de vacances,
c’est la période du bel été, et d’un temps généralement beau et chaud.

Depuis le 20ème siècle, dans les pays riches,
tout un chacun a droit à son temps de vacances,
de temps libre, de déplacements, de loisirs plus ou moins organisés.

Le mot « vacances » vient du latin » vacans »,
être libre, inoccupé, disponible.
Il a la même origine que « vacuitas »,
espace vide, absence de quelque chose,
qui a donné en français le mot « vacuité ».

Les vacances sont une vacance d’activités obligatoires.
Sont-elles pour autant une période de vacance ?
D’oisiveté, de vacuité bienheureuse, de disponibilité à l’imprévu.

Il semble que pour beaucoup,
il faille combler ce vide qu’on ne saurait supporter.

Il crée par le recueillement, la contemplation
de la vacuité en son sein
jusqu’à devenir un temple vide,
où le plus naturellement siège
en deçà de tout espace et temps
notre Réalité primordiale.

Le seul travail du Réveillé
est de garder vacant le temple de son coeur
et de laisser à « son Père le Vivant »
toute la place.


Le chercheur de lui-même, tout au contraire,
recherche cette vacance en lui
et hors de lui.

Chronique du fond de l’air 17

Je suis extraordinairement riche.
Je dispose pour une tranche de vie
d’un p’tit morceau d’une planète bleue.

Jardin.
Rencontres et dialogues
entre de la nature
et de la culture.

Jardin.
Espace minéral et temporalité végétale.
Aussi, danses
avec le paysage.

Laisser pousser du sauvage.
Marier arbres, arbustes, fleurs, potager.
Art du regard, de la patience, du ressenti.

Je suis. Nous sommes, infiniment riches.
En chacun, à l’intérieur, attend un jardin.
Un jardin, où poussent des fleurs de lumières.

Fleurs
Comme coeurs
Qui pulsent
tout en incandescence.

Fleurs
Jaillies d’un insondable sol,
qui ne connait
ni mort, ni naissance.

« Les jardins de lumière appartiennent
à ceux qui ont vécu détachés »
(Amin Maalouf)

Chronique du fond de l’air 18

Longtemps, écrire me sembla trahir,
semer du noir sur l’immaculée et parfaite blancheur.

Dorénavant, je laisse courir les mots,
et je sais que l’immuable
n’en-est point affecté.

Les mots naissent, dansent,
et s’en retournent
en deçà de la source.

 Ecrire c’est
mesurer ses mots
à l’aune de l’abîme

Jeter sur le gouffre
les blancs papillons
du rêve

Ecrire c’est
dresser des remparts de cristal
aux frontières invisibles

Semer des étoiles
de rosée
sur le silence

Ecrire c’est
tisser
une arche de lumière

Dessiner des murmures
sur la nuit
limpide 

Chronique du fond de l’air 19

Automne
sud-ouest de la France
terre d’océan de landes de vignes

Lumière
tempérée fruitée

issue d’un tableau de Vermeer

Elle éclaire le monde
mais elle est aussi vivante
par et pour elle-même

Elle nourrit l’âme de douceur et d’or
Flambeau qui enflamme
un autre flambeau

L’âme aussi lumière
Lumière du dedans
du dehors

Une seule et unique source
Une seule et même
Lumière

Lumière de vie
de connaissance
d’illusion

Lumière ton coeur
obscure cathédrale
ne se connaît pas lui-même.

Chronique du fond de l’air 20

Rien n’est plus simple et profond
que l’émerveillement

Plus encore qu’une rencontre
avec le beau le surprenant

Oh le scintillement de la rosée
sur une toile d’araignée
Un rire cristallin d’enfant
La frêle mésange qui 

s’ébat dans une flaque
La rêverie d’un glacier

L’émerveillement est une disposition
de l’esprit et du cœur

Présence inconnaissance disponibilité
étonnement unité

Pour Platon

 « L’émerveillement est une entrée
dans la sagesse »


Le sage a lâché la connaissance
Alors idiot savant
A travers lui c’est le monde
qui contemple et se reconnaît

« Dans le vieil étang
une grenouille saute
 ploc fait l’eau »

( Bashô )

Chronique du fond de l’air 21

Enfant, puis jeune garçon,
J’ai failli mourir de faim.
Pas de faim alimentaire,
Mais de faim culturelle.

Quand, vers quinze ans, j’ai vraiment rencontré la culture
(livres, cinéma, puis musiques, peintures, sculptures)
Je me suis jeté dessus comme un mort de faim,
Et j’ai dévoré tout ce qui se présentait.

Enfin, je rencontrai qui écouter, et à qui parler.
Qui allait donner formes à ma sensibilité et mes souffrances intérieures.
Qui allait initier ce voyage vers les abysses toujours plus profondes
au coeur de moi-même.

Et ce voyage ne s’est jamais arrêté.
Toujours plus profond vers le plus intime.
Les sensations, les émotions, les pensées, les désirs
furent de bons guides.

Puis, tous devinrent inutiles, en trop.


Le voyage continua sans mots,
Dans la lumière éblouissante de l’Etre.

Et encore plus au centre,

 au-delà de toutes connaissances et repères.

« Portez plutôt votre regard vers le centre,
c’est là qu’est la salle où se tient le Roi, et
imaginez cela comme un coeur de palmier
auquel il faut ôter, avant d’arriver à ce qui
est comestible, plusieurs couches d’écorces
qui protègent la chair savoureuse. »


(Thérèse d’Avila)

Chronique du fond de l’air 22

« Voici qu’en la quarante-troisième année de ma course temporelle, comme toute saisie de crainte, esclave de ma volonté hésitante, je tenais mes regards attachés à une céleste vision, je vis une grande splendeur ; et, dans cette splendeur, une voix qui venait du ciel me dit : O homme femme fragile, cendre de cendre, corruption  de la corruption, dis et écris ce que tu vois et entends. »   « Et moi ; sans connaître les lettres, à la manière des forts,  n’ayant pas été instruite par leur enseignement,  malgré ma débilité, (frêle côte d’Adam), étant toute pénétrée du souffle mystique : j’ai vu comme un feu resplendissant, incompréhensible, inextinguible, plein de vie, et toute vie, dont la flamme était couleur d’air, et brûlait ardemment sous un souffle léger ; et cette flamme était aussi inséparablement unie au foyer lucide, que le sont les entrailles au corps humain. »   « La lumière que je contemple n’est pas liée à l’espace. Elle est beaucoup, beaucoup plus vive qu’une nuée porteuse de soleil. Je ne puis en déceler ni la hauteur, ni la longueur, ni la largeur. On me dit que c’est « l’ombre de la lumière de la vie ». De même que le soleil, la lune et les étoiles se reflètent dans les eaux, les écrits, les discours, les énergies, et certaines œuvres des hommes deviennent pour moi lumineux. »

« En cette lumière, je vois parfois, mais point souvent,

une autre lumière qu’on me dit être la lumière de la vie. Je ne puis dire quand et comment je la contemple. Mais tant que je la contemple, toute tristesse et toute angoisse me quittent : je me sens comme une toute jeune fille naïve, point comme une vieille femme. »

Ainsi parlait, entre autres, l’unique Hildegarde de Bingen.
Mystique, thérapeute, compositrice, peintre, écrivaine, Abbesse.


Une des grandes lumières de l’Occident médiéval.
Ses visions et son vécu sont ceux d’un être total.
A la fois tellement humaine et si complètement imprégnée du Feu de vie.


Hildegarde de Bingen, tu ne donnes pas à croire.
Tu donnes à voir.
Tu enflammes celle(lui) qui comme toi est
Flambeau Vivant.

Chronique du fond de l’air 23

Blanche onde
Paix sur l’estuaire

Au ciel
ramures dénudées

Plus loin des carrelets
Pêcher des perles d’infini

On ne cherche pas le beau.
On le rencontre au hasard de ses pérégrinations.
(Je visite les musées, comme on erre dans un paysage)

Toujours surprenant, décoiffant.
Le coeur accélère, l’esprit se tait, sidéré.
Temps aboli, espace sans limites.

« L’éternité retrouvée ?
Le soleil, allé avec la mer ? *

On ne crée pas le beau.
On crée des conditions pour que peut-être
l’évènement « Beau » surgisse chez un Autre.

Paraphrasons encore Rimbaud :
« Il en est même qui s’attribue
les mérites de leur art » ! *

Le beau, porte sacrée
vers l’ineffable plénitude ?

* du Rimbaud légèrement modifié !

Chronique du fond de l’air 24

Il n’est de silence qu’intérieur
Le monde est bruits
bruit des choses des perceptions
des pensées

Sur le chemin de retour
vers la Réalité primordiale
Des espaces vont s’ouvrir en nous
de plus en plus silencieux

C’est une route vaste escarpée
de grande solitude
Avec de moins en moins
de repères

On y croise des silences
éblouissants
où l’on entend le bruit
de ses oreilles

Pourtant ne pas s’y attacher
lâcher toute idée de bruit
toute idée de
silence

Silence et bruits
dansent ensemble
sur l’inconnaissance
primordiale

« Là
Tout simplement

Sous la neige qui tombe. »

(Kobayashi Issa)

Cueillir l’instant

« Mouvements du cœur dans le frisson du saule »

(Basho)

Chronique du fond de l’air 25

Enfant j’ai connu l’idiot(e) du village
Personnage souvent un peu « simplet »
En général plutôt gentil serviable
affectueux avec les animaux

Je vais retrouver l’idiot
beaucoup plus tard
dans la philosophie Zen
« L’idiot Zen »

Les taoïstes représentent
en général Lao Tseu
monté sur une bufflesse
et arborant un air idiot

Idiot le sage ?
En occident ne parle-t-on pas
aussi d’idiot savant
et de docte ignorance 

Le sage idiot
est un drôle d’idiot
Il a transcendé
toutes les connaissances

Pourtant il tient dans ses mains
toute la connaissance du monde
et il danse idiot
sur un sol d’inconnaissance

Chronique du fond de l’air 26

Le bouddhisme Mahayana parle
de « Maha mudra »
Le grand geste
Qu’est-ce que le grand geste ?

De l’au-delà de tout monde
jaillit un friselis d’être/conscience
Pourquoi ?
Nul ne le saura jamais

Ce friselis grandit
Des univers immenses se déploient
tournoient dansent
et se résorbent

Le complètement réveillé
assiste au spectacle
A la fois ignorant
et émerveillé

Reste-t-il pour autant
simple témoin ?
Impavide en sa tunique
de sage

Homme
parmi les hommes
Il vit ce que vivent
les hommes

Mais il sait
de toutes choses
l’éphémère
Vanité

Chronique du fond de l’air 27

Pour le réveillé
s’activer dans le monde
dormir méditer
cela ne change rien

Le plus paradoxal
c’est que ne faisant rien
c’est là qu’il est
le plus actif

Complètement recueilli
laissant se dissoudre
les voiles
de la connaissance

Il laisse l’universelle source
et son eau de lumière
rayonner
spontanément

Il créé la vacuité
et les étincelles du monde
dansent à perdre
haleine

Et les galets sont
des plumes de rêves
qui sourient
à la brise

Chronique du fond de l’air 28

Une histoire tibétaine

Il était une fois, un homme qui vivait seul parmi les montagnes du Tibet. Il ne connaissait pas son père. Un jour, n’y tenant plus, il partit à sa recherche.

Pendant de longues années, il escalada de hautes montagnes, descendit de profonds ravins, interrogea toute âme qui vive. Toujours aucune trace de son père.

Un jour depuis une cime, il aperçut en contre bas dans un val frais et fleuri, une maison. Il se dit, renonçant momentanément à sa quête, qu’il allait faire un détour pour goûter ce lieu paisible, et s’y reposer un peu.

Ce n’est qu’au dernier moment qu’il reconnut sa propre maison. Remis de sa surprise, il entra, et découvrit au fond de la grande pièce une porte qu’il n’avait jamais vue auparavant. Il l’ouvrit sans problème, pénétra dans la pièce, et trouva son père qui l’attendait.

« Dieu est au plus loin derrière la porte » dit un proverbe arabe.
Dieu c’est à dire nous-même
pleinement nous-même
Père Fils et
Souffle

Chronique du fond de l’air 29

Plic ploc plic ploc
Chante la pluie
sur la gouttière

Oh la belle musique
après trois mois
de sècheresse

Ploc plic ploc plic
Danse la pluie
sur la flaque

Voilà Dame nature
qui se goberge
d’ondées

La sève ragaillardie
s’écoule aussi
en mes veines

L’eau ruisselle
et mon sang s’épand
sans limites

L’averse crépite
Les pensées
s’estompent

L’onde
effleure le
silence

Chronique du fond de l’air 30

Il est

Le corps
 visible et sensible
Nuages au ciel

Il est
L’être
 derrière les nuages
Bleu du ciel

Il est
l’ineffable
quand tout a lâché
Au-delà de l’Au-delà

Membre
de sa famille
de sa tribu
de son univers

Il danse et chante
avec toutes et tous
dans le secret
des coeurs

Sur la grève
on voit ses traces
 La vague les
efface

Chronique du fond de l’air 31

Selon certains préhistoriens
l’homme aurait chanté avant de parler
Le rythme et la mélodie auraient précédé 
le mot

Ainsi le chant
viendrait du corps
La pierre l’os le sang
se feraient complainte

Ainsi le chant
viendrait du coeur
Le vent la pluie l’émotion
se feraient Balade

Ainsi le chant
viendrait de l’âme
Le friselis l’onde la caresse
se feraient Aria

Oh chant silencieux
en mon coeur
Danse feutrée
d’une neige éphémère

« Le poème n’est accompli
que s’il se fait
chant »

(L. Senghor)

Chronique du fond de l’air 32

La physique quantique nous apprend
que les particules subatomiques dansent
La physique que les atomes dansent
L’astrophysique que les astres es galaxies les constellations dansent

De l’infiniment petit 
à l’infiniment grand
Ca danse tourbillonne en tous sens
Mouvement tout est mouvement

Et les femmes les hommes
les enfants
  ça danse danse danse
dans le corps le cœur et l’âme

Danseu(se)r ne te contente pas
de suivre la musique et le rythme
Entre dans l’universelle danse
Deviens atome virevoltant

Ploie dans la brise avec le roseau
File aux cieux avec le nuage
Tournoie sur l’axe des pôles
Tourbillonne lumineux aux nuits d’encre

Au fond de son coeur
le sage a trouvé l’immobile paix
Sur ce socle dansent les mondes
Poussières diaprées sur la vacuité

Chronique du fond de l’air 33

Tout a l’ouest de l’Eurasie
sur les rivages de la mer d’Iroise
Il est une baie magnifique
la baie de Douarnenez

Elle miroite de mille et mille reflets
au gré des cieux et des nuages
au gré des vents
et des averses

De même dans la contemplation
l’âme miroite de mille et mille reflets
au gré des ombres de l’esprit
qui voilent le soleil de l’Etre

Pour le Réveillé
l’univers entier est un jeu de reflets
Miroitements infinis
sur la Réalité primordiale

Tout est oublié
 surtout Soi-même
Reste un zéro
infiniment ouvert

Mille et mille reflets
sur la baie
Mille et mille reflets
sur le lac de mon coeur

Chronique du fond de l’air 34

Fleurs mes mies végétales
autant de sourires en pétales

Parfois solo
dissimulée sous quelque mousse

Ou bien quatuor
fièrement dans la haie

Tout un orchestre
sur l’arbre

Myriades de coeurs
dans le vent et la pluie du monde

Battant la chamade
au soleil de l’Etre

N’attendant rien
que vivre et mourir

Que donner fruit
qui donnera graine

Qui donnera plante
qui donnera fleurs

Myriades de fleurs
dans le vent et la pluie du monde

Dans le vent la pluie le soleil
du terreau du coeur

Souriez mes mies
à l’infini

Musique !

Chronique du fond de l’air 35

Le bébé nait
dans la pure conscience 
et un kaléidoscope
de sensations

Au fil du temps
sa conscience va s’identifier
au corps à l’esprit
puis au monde

Sur le chemin
de la connaissance de soi
la discrimination et l’amour
abolissent ces identifications

Alors pour le cheminant
tout devient illusoire
Brumes de rêves
surtout lui-même

S’il continue le voyage
la connaissance elle-même
et sa source
deviennent illusoires

Vieil enfant ravi
il contemple alors
la rosée
des jours



Chronique du fond de l’air 36

« Ne cherche pas à suivre
la trace des sages
Cherche ce qu’ils ont cherché »

« La lune et les fleurs
Voici le véritable
maître »

« Avec de jeunes feuilles
j’aimerais essuyer
vos gouttes de larmes »

« Dans la rosée du matin
maculé de boue
un melon frais »

« La cascade claire
Les aiguilles de pin verte
tombent dans le flot »

« Le son de la cloche s’apaise
Le parfum des fleurs
frappe le soir »

( Basho )

3 comments

  1. Bonjour Thierry,
    J’ai commencé à parcourir le site mais n’en suis qu’au tout début ! 🙂
    J’y reviendrai avec plaisir, on a toujours à apprendre des autres…
    Je ne vois pas comment utiliser le forum par contre, il y a juste sur la dite page (onglet forum) le « laisser un commentaire » mais pas de lien pour le forum ?
    A bientôt,
    Tiana

  2. Bonjour Tiana,
    Le forum, c’est la possibilté de laisser un commentaire, sous chaque rubrique. Et ensuite répond qui veut. Et ainsi de suite.
    Bonne suite de lecture.
    Thierry

  3. D’accord ! Bon, jene me suis pas encore plongé pleinement dans les sujets mais un jour…
    A bientôt,
    Tiana

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